As-tu cette impression-là toi dans vie d’être à la poursuite de quelque chose? Constamment. Sans repos. De chercher. Après chaque courbe de la route. Au prochain détour du sentier. Dépassé la côte qui s’en vient. Dans le livre suivant. Dans le rêve de la nuit où tu sombres. Dans les phrases de cette animatrice de podcast. De chercher Ça. Que tu sais pas c’est quoi. Mais qu’il t’arrive de presque saisir, dans un paragraphe, une brume qui se lève, une photo sur Instagram, qu’il t’arrive de saisir et d’échapper aussi soudainement. Parce que ça fuit. C’est le propre de cette affaire-là, de fuir, de fuir tout le temps aussitôt que tu la pognes. Des fois tu te couches ben trop tard, tu te mets du cutex bleu (ou d'une autre couleur), t’écoutes une chanson en boucle, t’imagines des dispositifs scéniques, des installations, des textes, tu restes éveillée, tu vas être fatiguée demain, mais tu peux pas te coucher, tu penses juste à ça, chercher, poursuivre, débusquer. Si seulement tu savais ce que tu cherches, mais non, pas la moindre idée, tu comprends quand t’as trouvé pis encore là, dès que tu comprends, ça s’enfuit encore. Et c’est ça qui alimente ton désir, c’est précisément ce qui te meut.
Le fait que ça t’échappe.
Ça t’allume.
N’empêche que de temps en temps c’est bon d’assouvir. De boire un peu. De se sentir pleine. Gavée.
***
C’est moi ça. C’est tout moi. Être à la recherche de quelque chose qui m’élève (ou me ground ça dépend).
Et comment je le comble le vide? Par accumulations, par répétitions, par strates de sens, par associations et (ça t’étonne?) par énumérations. J’ai donc décidé de me partir des collections. Matérielles et Virtuelles. Des collections de ce qui, quand je le trouve enfin, me donne l’impression d’effleurer le «ça» dont il est question et duquel je suis à la poursuite de. Tout le temps.
Mes collections matérielles sont en papier ou ce sont des patentes inutiles (comme des coupes en laiton où je ne boirai pas). Ce sont des images, des stickers, des vieilles diapositives, des notes, des pages de livres découpées, ou des livres entiers. Des «ephemera» comme ils disent en anglais. Je les accumule, je les feuillette, je les transforme. Elles serviront peut-être ici de support visuel ou peut-être pas. On verra.
Mes collections virtuelles sont sur un padlet. Sur trois padlets. Mais bon. C’est pas important. Ce qui compte c’est que je me dis : et si je partageais. Ça. Quand je le trouve. Quand je me le pogne. Au détour d’un sentier ou dans une page de livre ou un podcast. Alors je le lance, de même, un peu étourdie, je le lance, le premier thème de ce blogue, ça va être «ça».
Peut-être, à la fin de cette lecture, peut-être que tu te demandes : ouin mais pourquoi le crapaud. Parce que je l'ai éprouvé en regardant ses yeux noirs. Le «ça» dont je te parle. Et parce que le crapaud, me semble, est un peu un symbole de transformation.
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